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Arnould De Vuez (saint-omer, 1644 – Lille, 1720) – Saint Thomas Guérissant Les Malades

Arnould De Vuez (saint-omer, 1644 – Lille, 1720) – Saint Thomas Guérissant Les Malades

5 950

Dimensions H. 60 cm × l. 45 cm
Epoque

Technique

Taille

Arnould de Vuez (Saint-Omer, 1644 – Lille, 1720)
Saint Thomas de Villeneuve guérissant les malades
Huile sur panneau. H. 0,60 ; L. 0,45.

128 RUE LA BOETIE, PARIS, France - 75008
0684439181
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Description

Arnould de Vuez (Saint-Omer, 1644 – Lille, 1720)
Saint Thomas de Villeneuve guérissant les malades
Huile sur panneau. H. 0,60 ; L. 0,45.
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Le tableau que nous présentons (fig. 1) est un très rare témoignage datant de la « seconde période parisienne » du
peintre-académicien Arnould de Vuez (Saint-Omer, 1644- Lille, 1720). La vie et l’oeuvre de celui-ci nous sont surtout connus
à travers la biographie publiée par Jean-Baptiste Descamps (La Vie des Peintres Flamands…, Paris, 1753). Ayant quitté sa
ville natale de Saint-Omer, vers 1665, Arnould de Vuez gagna Paris, où il travailla sous la direction du peintre-moine Claude
François dit Frère Luc. Ayant été recommandé auprès d’un parent en Italie, il séjourna en Vénétie, en Lombardie et surtout à
Rome où il exécuta de multiples copies d’études d’après les grands maîtres (Raphaël et Annibal Carrache), le trait le plus
original étant ses copies de devants de sarcophages antiques. Mais son « premier prix » obtenu lors du concours de l’Académie
de Saint-Luc de 1677 et son succès auprès des grands amateurs d’art locaux, notamment le prince Pamphilj, donnèrent lieu à
un climat de rivalité qui le contraignit à rentrer à Paris vers 1680. S’il fut reçu à l’Académie royale en 1681 comme peintre
d’histoire (Allégorie de l’alliance de la France avec la Bavière ; Louvre), on connaît mal sa production antérieure au tournant
de 1694-95. A cette date, Arnould de Vuez quitta en effet Paris pour s’implanter définitivement à Lille où il reçut un nombre
considérable de commandes religieuses, tant pour la ville de Lille que pour la « Flandre française », nom que l’on donnait alors
à l’actuelle région Nord-Pas-de-Calais. Les églises et congrégations de Lille, Douai, Saint-Omer, Cambrai, Anchin,
Marchiennes, Hasnon furent en effet massivement décorées par Arnould de Vuez.
Pour la période qui va de la réception à l’Académie royale au départ pour Lille, on savait seulement qu’Arnould de
Vuez avait participé au décor des globes terrestre et céleste de Vincenzo Coronelli (aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de
France) et qu’il fut l’auteur du « May » de Notre-Dame de 1693 (L’Incrédulité de saint Thomas, aujourd’hui à la Primatiale
Saint-Jean de Lyon). Toutefois, la rétrospective sur Arnould de Vuez en préparation (Saint-Omer, Musée de l’Hôtel Sandelin)
a permis de retrouver un petit groupe de peintures religieuses qui datent de cette période-là. Le modello que nous présentons
est d’autant plus important qu’il est préparatoire à l’une des deux grandes toiles commandées pour le couvent des Augustins
de Lille du temps où l’artiste était encore à Paris. La toile correspondante, saisie à la Révolution et aujourd’hui au Musée des
Beaux-arts de Lille, porte en effet la date de 1692 (fig. 2) (et c’est du reste la seule peinture de l’artiste qui porte une date).

Aujourd’hui détruit, le couvent des Augustins avait été établi à Lille en 1614, du temps où la ville était encore sous
domination espagnole (elle ne deviendra française qu’en 1668). Cette communauté, dont les bâtiments étaient situés près de
l’actuelle paroisse Saint-Maurice, s’était progressivement développée grâce aux professions de foi. Or, on a longtemps cru que
les toiles d’Arnould de Vuez avaient trait à l’histoire de saint Augustin. Les sujets dépeints contredisent ce que nous savons
de ce docteur de l’Eglise : ses deux toiles peintes représentent en fait l’Espagnol saint Thomas de Villeneuve (Villanova),
moine augustin puis archevêque de Valence, connu pour avoir été prédicateur de Charles Quint. Avec sa canonisation, en 1654,
les premières représentations de ce moine apparurent, à commencer par celles de peintres espagnols tels Murillo et Cerezo. La
persistance de cultes chers aux Espagnols est d’autant plus remarquable que Lille faisait dorénavant partie du royaume de
France. Les deux toiles d’Arnould de Vuez représentent en effet Saint Thomas de Villeneuve donnant ses biens aux pauvres
(ou La Charité de saint Thomas de Villeneuve) (fig. 4), l’autre, dont nous présentons l’esquisse (fig. 1), Saint Thomas de
Villeneuve guérissant les malades (fig. 2) ; le Musée des Beaux-arts de Lille conserve aussi un dessin préparatoire au groupe
formé par le malade alité, à l’arrière-plan (fig. 3).
Sur le plan stylistique, on est frappé par le caractère « ténébriste » des tableaux commandés pour les Augustins de
Lille, exactement comme dans le « May » de 1693 : ces oeuvres ne partagent rien avec le morceau de réception peint une dizaine
d’années plus tôt où prédominent la vivacité du coloris et l’influence de Raphaël. Certaines oeuvres de Nicolas Poussin, tels
L’Institution de l’Eucharistie (Louvre), L’Ordination et La Confirmation, tableaux de la seconde série des Sacrements
(Edimbourg, National Gallery of Scotland) semblent bien donner l’origine de cette atmosphère de gravité. Ce style fut sans
doute très apprécié à Lille au point de décider Arnould de Vuez à s’y implanter, devenant alors le « premier peintre de Flandre
française ».

François Marandet, le 6 novembre 2020.

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